Il nous paraît important d’affirmer une direction éthique à partir de laquelle notre conception du lien à l’analysé puisse être étayée fortement et durablement. Le concept E.S.S.E pose clairement les bases d’une approche de l’humain en 4 dimensions : l’Émotionnel, le Sexuel, le Spirituel, et l’Existentiel. Penser l’organisation psychique à partir de ces 4 pôles et déterminer des applications pratiques et relationnelles dans le champ de l’accompagnement psychologique, tel est le but avoué de ce concept intégratif.
Il nous paraît évident que ce qui fait fondation à cet édifice c’est la relation avec l’analysant, sa solidité et sa pertinence, qui permettent de cimenter ces quatre directions et de leur donner un sens. Pourquoi ce concept ? Parce qu’il est fondamental d’associer à la démarche intégrative une formulation qui la distingue nettement d’une approche multi référentielle.
La psychopratique intégrative est la voie la plus complète pour appréhender l’homme dans ses ombres et ses lumières. Elle se doit donc d’être structurée autour d’idées simples, fortes et actives. Le concept E.S.S.E fait partie de cette tentative de structuration.
La dimension Émotionnelle ouvre le champ vaste de la compréhension des émotions humaines, de leur reconnaissance et de leur intégration. Il ne s’agit pas dans le concept E.S.S.E de tenter de « gérer » les émotions mais bien de leur donner une place active dans la compréhension de notre lien au monde et aux autres. Dans l’application d’accompagnement avec E.S.S.E, il n’est nullement question de modifier l’univers émotionnel des analysants mais de les aider à saisir ce que les émotions sous-tendent et disent d’une recherche constante de communication.
La dimension Sexuelle est faite d’un ensemble de questionnements sur le lien à l’autre, l’identité, l’estime de soi et d’autres critères intimes qui permettent de situer l’humain dans son lien à l’Eros. Il s’agit ici d’être en contact avec le vivant, le désir et de comprendre comment ces notions déterminent une approche de l’identité sexuelle équilibrant les notions de désir, de besoin et d’envie. La notion d’inconscient y est primordiale pour saisir avec fluidité et justesse des axes fondamentaux de la sexualité comme le fantasme ou la jouissance.
La dimension Spirituelle vient questionner l’Autre en nous. Elle taraude chaque être humain dans sa recherche de sens et de signification. Ici c’est le monde des symboles, des représentations profondes qui s’active et donne des pistes majeures pour aider celui qui souffre et s’interroge à mettre du symbolisme, de la sublimation dans l’interprétation du monde et de lui-même. Cette dimension englobe les notions de croyances certes mais elle détermine une manière d’être au monde et en écoute de soi et des autres qui a sa singularité. Trouver cette singularité fait appel à la sensation et à la dimension intuitive également.
La dimension Existentielle vient placer le cursus et le regard sur le rapport à l’histoire du sujet dans le sens le plus large du terme. Le chemin de vie, le rapport à la finitude, le lien au corps et la recherche de compréhension des schémas de vie y ont la place centrale.
C’est souvent à partir de l’Existentiel que l’analysant sollicite un accompagnement, plaçant la difficulté qui l’invalide comme une césure dans son histoire personnelle. Redonner du sens à cette histoire propose une dynamique nouvelle. C’est aussi là que s’apprend la capacité à prendre du recul sur soi-même afin de mieux saisir les enjeux particuliers en acte dans chaque vie humaine.